Financement de la transition écologique : l’enjeu central du reporting et des données vertes
Le Forum on Green Finance and Investment organisé par l’OCDE les 2 et 3 octobre 2023 à Paris a été l’occasion d’évoquer les dernières innovations en matière de transition écologique et de souligner le rôle croissant des prêteurs alternatifs pour les accompagner. OCIM Metals & Mining y était.
Commençons par un chiffre.
La Commission Européenne a prévu en 2021 d’allouer 30% de son budget pluriannuel aux investissements verts, un montant particulièrement conséquent pour accompagner la nécessaire transition écologique de notre continent. Ce sujet s’annonce dès lors comme un enjeu majeur pour l’ensemble de l’écosystème financier européen.
Pour les entreprises de plus de 250 employés, l’application des obligations relatives à la publication de leur bilan carbone représente déjà un grand défi, à commencer par les opérateurs énergétiques eux-mêmes. De leur côté, les PME et les TPE doivent s’ateler à réduire leurs émissions carbone avec des moyens autrement plus limités. Un contat qui les amène à s’appuyer largement sur des financements externes, qu’ils soient publics ou privés[1]. Si elles ne sont pas soumises aux exigences en matière de bilan carbone prévues pour 2025, les PME ont donc un rôle de grande importance à jouer dans la transition écologique.
Plusieurs enquêtes récentes de l’OCDE montrent que les PME sont responsables de 25% des émissions de gaz à effet de serre au sein de Union Européenne. Certes, les émissions individuelles d’une PME n’ont rien d’alarmant en soi. Mais elles le deviennent lorsque l’on considère la masse des 400 millions de PME qui existent à travers le monde. C’est ce constat qui a amené l’OCDE à étudier la question et à envisager un cadre de solutions adaptées aux spécificités de ces entreprises : les PME, à l’instar de celles opérant dans les domaines de la Green Finance et de la Clean Tech, sont-elles vraiment en mesure d’élaborer et d’implémenter des projets environnementaux ? Leur manque de moyens les empêche-t-elle de mettre en œuvre ce type de solution ? …
Miriam Koreen, Head of Department of SME’s Finance Unit à l’OCDE, a rappelé que 70% des PME des pays de l’OCDE déclarent avoir besoin de fonds additionnels pour lancer leurs projets ou accélérer les processus de réduction de leurs taux d’émission. De quoi les amener à demander massivement des financements auprès d’institutions financières ou de préteurs alternatifs. Ceux-ci exigent à leur tour des reportings et des séries de données complètes et représentatives, qui sont tout aussi bien utilisés comme critère de sélection des projets que pour contrôler leur bonne mise en œuvre.
Mais dans de nombreux cas, les données fournies par ces entreprises sont trop partielles et incomplètes pour répondre pleinement pas aux exigences des organismes de financement. Les intervenants du Forum on Green Finance and Investment se sont ainsi largement accordés sur la nécessité de réduire le gap de communication entre tous les agents de la chaîne de valeur inscrits dans une démarche environnementalement plus durable. La production des données claires et concises représente un vrai défi, alors que cette exigence vise à créer les conditions d’une transparence indispensable pour les institutions financières. Trop souvent encore, la focalisation sur les aspects purement financiers des projets fait en effet passer les critères d’impact environnemental, social ou gouvernemental au second plan. Directrice de Management et Sustainability à la British Business Bank, Julia Groves conlut que l’ensemble des informations financières et non financières d’un projet doivent figurer dans les reportings, leur combinaison étant déterminante lors du choix des lauréats.
Mais comment rendre l’élaboration de ces données plus facile pour les PME ?
Préalablement à toute nouvelle initiative, chaque entreprise doit développer ses propres cadres et jeux de documentation afin d’être en mesure de mesurer le respect de critères et de paramètres bien précis. Pour que ce cadre s’inscrive de façon cohérente dans chaque culture de l’entreprise, une PME ou une TPE pourra faire appel à un cabinet de conseil, ou bien directement au régulateur. Quant aux initiatives dont la portée est plus globale, des recommandations pourront être recherchées auprès des organisations organisant des consultations publiques. Reste que la meilleure solution est bien souvent la plus simple. Pour Paul Gisby, directeur d’Accountancy Europe, « la standardisation est la simplification ». Dès qu’un cadre de reporting a été conçu en prenant en compte les spécificités et l’organisation d’une entreprise, la démarche de production des données est très largement automatisable.
Notons enfin que le niveau d’exigence des banques amène de plus en plus les responsables de projets à se tourner vers la finance alternative. Julia Groves constate qu’en dépit d’une propension naturelle à faire appel aux banques pour se financer, ce sont bien souvent les préteurs alternatifs qui permettent actuellement de financer la plupart des projets portés par les PME. Un constat particulièrement vrai dans l’industrie minière, pour lesquels certains projets non encore pleinement matures ne sont pas éligibles aux financements bancaires classiques. Seuls des acteurs alternatifs, tels qu’OCIM Metals & Mining, sont dès lors en mesure d’analyser la réalité financière et extrafinancière de projets et de structurer des financements réellement adaptés à ces dernières.
Pour aller plus loin :
« SMEs turning to alternative financing instruments as growth slows in bank lending » – OECD Web Archive – https://web-archive.oecd.org/2019-04-12/515542-smes-turning-to-alternative-financing-instruments-as-growth-slows-in-bank-lending.htm
« Statistiques structurelles et démographiques des entreprises (SDBS) » – https://www.oecd.org/fr/sdd/stats-entreprises/statistiquesstructurellesetdemographiquesdesentreprisessdbs.htm
« OECD – Forum on Green Finance and Investment » – https://www.oecd-events.org/oecd-forum-on-green-finance-and-investment/
[1] « France Relance : 18 nouvelles entreprises engagées en faveur de la transition écologique soutenues » – https://www.prefectures-regions.gouv.fr/ile-de-france/Region-et-institutions/L-action-de-l-Etat/Economie-et-finances-publiques/France-Relance-18-nouvelles-entreprises-engagees-en-faveur-de-la-transition-ecologique-soutenues